L’art et la vie Sur quelques reecritures naturalistes du roman romantique de l’artiste

Abstract

Si les critiques du roman de l’artiste font remonter l’apparition de ce genre à la seconde moitié du XVIIIe siècle, c’est le premier romantisme allemand (Novalis et Tieck), repris par Balzac, puis par Poe, qui lui a pleinement donné sa signification: dans un souci d’effacer les cloisonnements entre critique et création, mais aussi entre imagination et raison, il affirmait, par le roman de l’artiste, et contre le Bildungsroman, le lien indissoluble entre l’art et la vie. Le mythe de Pygmalion, dans lequel la création artistique consiste à donner vie, celui du vampire, dans lequel l’art se nourrit de la vie, trouvent ainsi des interprétations inédites.

C’est contre une telle pensée de l’art que le naturalisme a construit sa propre interprétation du roman de l’artiste : chez les Goncourt, comme chez Zola ou chez Maupassant, pour en rester seulement au domaine français, l’art semble s’opposer à la vie sous différentes formes: la vie est tout d’abord une destruction de l’art; celui-ci par ailleurs se nourrit de la mort plus que de la vie ; enfin l’art entre en concurrence avec la vie et semble l’écarter.

Derrière ces divergences avec le romantisme, le naturalisme développe une pensée de l’art fondée sur une même remise en question de la mimèsis que la conception romantique. Mais à la réflexion sur l’art et la mimèsis, le naturalisme ajoute une autre fonction prêtée au roman de l’artiste: celle d’art, en ce qu’il discute la position des mouvements picturaux de son temps à l’égard de cette pensée sur l’art.

La communication, prévue pour l’atelier ouvert «Art criticism and creation in European literatures» («Critique d’art et création dans les littératures européennes», sous-thème: «Mots et images traversant les frontières littéraires et critiques»), pourra être proposée en français.